Dans son ouvrage « Communiquer avec son cheval« , Véronique de Saint Vaulry, que j’admire par ailleurs, fait tout un chapitre sur la prétendue impossibilité de parvenir à une « belle équitation » sans l’usage du mors, ce dernier étant le seul outil permettant d’obtenir la fameuse « décontraction de la mâchoire », prérequis pour une décontraction globale du cheval. Je vous renvoie à l’excellent article de Philippe Karl « La cession de mâchoire » sur le sujet pour une explication technique plus détaillée dans le cadre d’une équitation de légèreté en mors.
La cession de mâchoire : un prérequis à cause du mors
Le problème qu’oublie Véronique de Saint Vaulry, est que la nécessaire décontraction de la mâchoire si recherchée et indispensable en équitation classique en mors, est justement due… à la présence du mors !!!!
Analysons les choses ostéopathiquement.
En effet, l’élément non naturel que représente le mors dans la bouche du cheval peut induire des contractions anarchiques et involontaires par réflexe des muscles puissants que sont les masséters, provoquant par induction une compression des ATM (articulations temporo mandibulaires), celles ci étant en relation avec la nuque du cheval par chaine musculaire. De fait, comme l’explique parfaitement Philippe Karl, la décontraction de la mâchoire est totalement nécessaire et indispensable, de manière à ce que le cheval reste effectivement décontracté. En plus de la demande de cession de la mâchoire au mors, il est entendu qu’à ce niveau d’équitation c’est également la finesse et la justesse du cavalier qui contribuera très largement à cette décontraction.
Dans le cas de la monte sans mors, le problème se pose différemment : seule la finesse du CAVALIER et la justesse de ses demandes pourront entrainer la décontraction du cheval. La mobilité de la mâchoire du cheval sera donc la conséquence éventuellement visible à l’œil, de la nécessaire décontraction de TOUT le cheval, mais la demande de cession de la mâchoire est inutile puisque rien ne vient gêner sa mobilité en bouche !
Tout ceci s’entend dans le cadre d’une équitation dite de « haute école », c’est a dire d’airs relevés (du passage à la pirouette), le rassemblé n’étant pas exigé dans d’autres équitations (western, polo, horseball, courses).
Il va de soi que cela suppose, dans une équation de contact, l’utilisation d’ennasures qui laissent la mâchoire libre et qui ne serrent pas. Sinon on se retrouve avec le même problème de crispation inversé (lutte pour desserrer la mâchoire) qui produit les mêmes blocages précités.
Monter sans mors, ou l’obligatoire légèreté
Le mors et son utilisation reste donc un outil « accélérateur », ou facilitateur dans le cadre d’une équitation dite de légèreté. Tout le problème, et c’est la raison éthique de mon choix et du choix de nombreux cavaliers de ne PAS utiliser le mors, est qu’il est préférable de ne pas prendre le risque de blesser, infliger la moindre souffrance dans la bouche du cheval du fait de notre maladresse. Mais le vrai souci reste cette préoccupante et régulière disparition de l’apprentissage de la main, dans le cadre d’une équitation « rapide », de consommation, toujours plus vite, « le cheval c’est trop génial », et le déni total de la part des enseignants et moniteurs de la réalité de ce qui est quotidiennement infligé aux chevaux.
La « belle équitation » est hélas aujourd’hui l’apanage de quelques trop rares cavaliers et instructeurs, qui savent prendre le temps et surtout enseigner le temps. Il est amusant d’ailleurs de constater que tous ces grands maitres actuels de la vraie belle équitation de légèreté montent quasiment rennes longues, sans muserolle, un peu comme ce que l’on voit sur les anciennes gravures de Pluvinel ou de Laguérinière. Comme c’est étrange…
Le grand avantage de la monte sans mors (et aussi ce qui la rend si « détestable » aux antis), c’est que c’est toute l’éducation du cheval et DONC du cavalier qui est totalement différente. Et oui il faut apprendre à communiquer avec le cheval, et pas seulement le maitriser grâce aux outils. Oui il faut travailler au sol (horreur !), oui il faut prendre son temps. Mais les résultats contrairement à ce qu’on pense, sont bien plus rapides pour obtenir une « belle équitation », car l’obligation de la connaissance du cheval, de sa locomotion, de son équilibre, dans le cadre de la monte sans mors fait que le cavalier est beaucoup plus rapidement en harmonie avec son cheval !
Mais dans la mesure ou il est possible de faire sans, aussi bien, et peut être même mieux et plus finement du fait de l’éducation particulière du cheval ET du cavalier dans le cadre d’une équitation sans mors, la seule et véritable question est : pourquoi continue t-on à utiliser cet instrument du moyen age ? Nous connaissons la réponse hélas…
Quelques liens utiles
Dresser sans mors (Le cheval en harmonie) ?
Décontraction spontanée de la mâchoire (Estelle Equestre) ?
La cession de mâchoire (Philippe Karl)
Excellente approche et manière d’expliquer les choses, bravo !
Ce n’est pas (heureusement d’une certaine manière !!!) l’avis des « antis », engoncés dans leur dogme du mors absolu… Comme vous pouvez le constater dans les édifiants commentaires publiés sur la page FB https://www.facebook.com/chevalitude
Au moins ces gens ont le mérite d’annoncer clairement la couleur de leur incapacité à se passer d’outils mécaniques dans leur communication avec les chevaux. Ca en dit long !
Chers internautes,
Le documentaire de l’équipe de Monsieur Nevzorow est totalement édifiant sur les actes de cruauté que l’on peut observer avec l’utilisation du mors. J’ai 55 ans. Je suis responsable et fondatrice de l’espace de recherche Homme-Cheval-Terre prénommé Les Jardins d’Akita situé en Haute Savoie. Dès l’âge de 14 ans j’ai observé l’impact dramatique sur le cheval, que génère la présence du cavalier et des instruments de coercition qu’il utilise pour résoudre la problématique de la présence d’un prédateur sur le dos d’une proie. Cette configuration exigeante au départ génère un cercle vicieux entre la réaction du cerveau reptilien du cheval et du cavalier. L’ignorance de la complexité et de la délicatesse de cette configuration conduit aux nombreux accidents que l’observe dans la pratique de l’équitation.
– Quarante années de recherche autodidacte,
– 28 chevaux massacrés et recueillis du monde de la compétition et l’équitation de loisir enseignée et
exercée sans conscience,
– des milliers d’heures de travail vécues avec des chevaux présentant des troubles de comportement
grave et dangereux.
– plus de 2000 élèves amateurs, sans talents particuliers, certains choqués et inhibés par les effets de la
peur générée par des chutes vécues dans des conditions traumatisantes.
– plus de quarante mille heures d’accompagnement individuels
Et enfin des milliers de questions, de remise en questions, d’expérimentations m’ont permis de cerner au plus près de ma conscience le juste rapport avec le cheval.
Principaux thèmes approfondis lors de cette recherche:
– Quelle est la posture juste qui préserve l’intégrité physique du cheval et qui nous garantit une vraie
stabilité générant le sentiment de sécurité intérieur
– Qu’est-ce qui distingue un Maître d’un excellent technicien et comment atteindre la Maîtrise
– L’effet de la Présence et d’une totale implication dans l’action technique et la relation avec le cheval.
– Comment quitter le rapport de force pour entrer dans un rapport de puissance aimante avec le cheval
dans la pleine conscience de l’aspect sacré, complexe et délicat de cette rencontre.
– Comment s’affranchir des effets de la peur
– Comment évoluer sur un cheval en liberté au sol et monté sans codifier le cheval.
– Comment obtenir une cession de mâchoire et de nuque à partir de la conversation entre notre plancher
pelvien et la clef de voûte (15ème dorsale) du dos du cheval.
– comment maîtriser de l’intérieur la direction (ligne) et la vitesse (pulsation) du cheval, qu’il soit monter
en liberté ou bride sans mors.
– comment utiliser les lois de la physique quantique pour communiquer dans l’interface, l’entre deux,
l’entre temps et le pré-mouvement, afin d’éliminer l’espace-temps entre nous-l’action-le cheval et ainsi
atteindre l’excellence et rayonner une équitation totalement respectueuse, écologique, préservant
notre dignité humaine.
Mon voeu le plus cher aujourd’hui est rejoindre sur le web les femmes et les hommes de bonne volonté soucieux d’un rapport ajuster avec le cheval. Je vais pour cela publier toute ma recherche sous forme de cours audios et vidéo d’ici fin 2016. La cruauté doit cesser sur Terre pour laisser la place à l’Amour, l’éthique et la beauté de cette rencontre totalement mystique avec cet animal qui est sans aucun doute une des expressions les plus merveilleuse de l’Amour inconditionnel sur Terre. Merci de m’avoir lue Christine Agassis
Tout cela est finalement plein de bon sens, mais changer de vieilles (et pas si bonnes) habitudes n’est pas si simple !