Cela fait des années que je fais, à titre semi professionnel, un peu de coaching pour aider certains cadres ou employés dans leur milieu professionnel, mais je n’avais pas encore franchi le pas de me lancer dans l’affaire avec un collègue équin. Certes cela n’était pas possible n’étant pas assez avancé dans ma relation avec Hippocampe ou tout autre cheval, et surtout parce qu’il est assez compliqué de faire cela dans le cadre du CAFC.
Mais maintenant que Hippo et moi somme à la Ferme Equestre de Dar Bouazza cela est bien plus facile.
L’idée m’est venue suite à la demande (insistante !) d’un de mes étudiants de 4ème année pour l’accompagner dans son changement de poste et son intégration dans une société multinationale à l’organisation stricte et aux rapports professionnels bien calibrés et standardisés.
Habituellement je réalise ce suivi en coaching en utilisant, entre autre, les outils de la PNL (Programmation Neuro Linguistique) particulièrement efficace mais avec un lacune profonde, comme tout autre outil strictement humain : le coaching repose sur une confiance absolue entre le coaché et son coach. Ce que le coach raconte peut très bien être entendu, mais pas forcément écouté ou cru et encore moins suivi !
Etant donné le cas à traiter, j’ai donc l’idée de demander à Hippo sa collaboration dans cette affaire. Et nous voila partie pour une séance d’équi coaching !
Séance de coaching : en quoi cela consiste ?
Pour accompagner un individu (on dit coaching maintenant ca fait plus tendance) dans son évolution professionnelle il faut avant toute chose réaliser un diagnostic. Quels sont les “problèmes” existant par rapport aux objectifs du client.
La première phase consiste donc a analyser la situation globale, définir les objectifs précis à réaliser, et interroger le coaché sur sa propre perception de la source possible des problèmes. C’est le rôle de l’entretien préliminaire, que je réalise grâce aux outils PNL. On identifie alors les origines possible du/des problèmes a traiter, puis on les traite un par un par une série d’exercices, de pratiques permettant de les travailler un par un.
D’une manière générale on travaille sur plusieurs points essentiels :
- La confiance en soi
- Le leadership
- L’assertion (affirmation de soi)
Le but est d’amener progressivement le coaché à se rapprocher d’un état de “congruence”, c’est a dire d’harmonie intérieure entre
- Sa pensée, ses émotions, son action, d’une part
- Son mental, son attitude non verbale, son verbal d’autre part.
Cela s’atteint par un équilibre entre les éléments précités confiance en soi, leadership et assertion. Tout est lié. Et cette approche globale permet par conséquent de travailler sur la résilience et de fait permet un travail d’accompagnement en profondeur bien plus efficient.
Equi coaching : le jeu de l’effet miroir
Le gros problème dans le coaching est la prise de conscience du coaché des réalités que l’on veut lui montrer, que se soit au niveau du diagnostic ou du traitement. L’autre problème principal est de mettre en œuvre les solutions proposées, et de faire prendre conscience que telle ou telle modification de comportement/pensée/émotion peut avoir les conséquences recherchées, à savoir les objectifs définis avec le coaché durant l’interview préliminaire.
C’est la qu’intervient le cheval !
L’aide au diagnostic
La première séance en équicoaching se fait selon moi avec un cheval dans un grand espace, et en totale liberté. Le but est de réunir les conditions les plus difficiles selon le cas à traiter. Certes ce n’est pas forcement la bonne approche pour tous, mais dans ce premier cas c’était la bonne.
Les conditions voulues étaient de recomposer une difficulté relationnelle potentielle et une large marge de manœuvre de “l’Autre” (le cheval en l’occurrence). Première épreuve, simple, attirer son attention et faire en sorte d’être face a face, sans aucune consigne technique autre que celle de ne pas rester derrière lui (on sait jamais!).
Hippo s’est prêté au jeu avec malice, ne pardonnant rien, aucun écart, aucune “faute de pensée”. Un miroir total et immédiat de l’état de l’humain. Évidemment, l’humain n’y arrive pas du premier coup, première “claque”. Indifférence totale de la bête, dédain hautain et fuite molle et lente pas du tout dans la direction voulue.
Le petit jeu dure quelques minutes, sans aucun commentaire ni aide de ma part, comme en situation professionnelle réelle. Ce simple petit jeu à permis non seulement d’identifier les problèmes (adaptation culturelle, problème de langage, outils utilisés, confiance en soi, conviction, etc), mais le grand apport du cheval dans ce jeu est que cela permet non seulement de les identifier (mais le coaché le sait généralement) mais surtout de le faire “exploser à la figure” immédiatement, sans appel, sans mensonge, brut de décoffrage comme on dit. La prise de conscience est totale, immédiate, radicale, et selon les dires de mon “élève”, bouleversante. Hum… comment dire… C’était le but !
L’application du programme de “revalorisation”.
Si mon collègue à 4 pattes m’est d’une aide précieuse pour le diagnostic, il l’est encore plus pour l’application du programme que l’on met en place pour aider le coaché à réaliser ses objectifs personnels et à surmonter les problèmes rencontrés. Pour cela on donne quelques consignes et on propose (dans ce cas précis) de faire en sorte que la bête se déplace, bouge, alors que l’humain avance en ligne droite. Facile a première vue… Mais c’est mal connaitre Hippo ! Il a fallu de longues minutes pour y parvenir…
Ce petit exemple, l’un des exercices réalisés, a permis de travailler en temps réel sur des point fondamentaux qui étaient ceux prévus :
- Conviction personnelle (est ce que mon action va être suivie ?)
- Adaptation du langage (ma demande est elle compréhensible ?)
- Conviction de “l’Autre” (ma demande est elle acceptée ou réalisée par contrainte ?)
Le but était dans cet exercice d’arriver a rééquilibrer ces points. Et d’arriver à faire bouger le cheval sans le toucher. La encore cela demande une radicale prise de conscience de son état émotionnel, de sa force de conviction, et surtout, de son acceptation de l’autre dans sa différence !!!
Je l’avoue clairement, je n’ai fait que “traduire” les réponses d’Hippo mais c’est bien lui qui a “coaché” mon élève !
Opération réussie donc. Nous avons décidé de poursuivre, et je viens de décider à l’instant de renouveler l’opération avec d’autres personnes pour mon activité de coaching tant son efficacité est redoutable ! Merci Hippo encore une fois !
Tous les chevaux adaptés ?
Et bien… Oui. Et non ! Parlons un peu du coach maintenant. L’idéal en équi-coaching serait d’avoir plusieurs chevaux, évidemment, afin de faire au moins le premier exercice : choisir le cheval. A lui seul ce choix permet de diagnostiquer quantité de choses. N’ayant qu’Hippo je ne peux pas faire faire ce premier choix. Mais finalement ce n’est pas plus mal : en entreprise on ne choisie pas ses collègues !
D’autre part, même si tous les chevaux peuvent jouer les coach, il y a des prérequis et non des moindres :
- Avoir un cheval formé.
Evidemment c’est la base. Prenez un cheval de club tel qu’on les connait et on va au casse pipe. Le cheval doit être bien formé et pour ça il est évident et non discutable que seule l’approche éthologique du cheval permet de faire cela. Cette formation est assez longue (plusieurs mois/années). - Avoir un cheval adapté.
Ca c’est un problème majeur à mon sens. Il faut adapter le cheval au coaché. Ou autrement dit adapter les profils mentaux de l’un et de l’autre. Hippo, au tempérament un peu joueur et dominant, ne serait pas adapté pour un humain souffrant d’un très grave manque de confiance en lui (MAJ 2016 : Hippo m’a donné tord sur ce point : dans le cas d’un client souffrant d’un profond manque de confiance il a au contraire été merveilleux – et impitoyable – pour faire ressurgir les ressources nécessaires a reprendre confiance en lui !).
Au contraire, quelqu’un dans l’opposé (trop de confiance, agressif, qui parle trop fort) se fera remettre rapidement à sa place et devra apprendre la courtoisie et la discrétion. La pour le coup je n’ai aucun doute !
Je n’ai pas assez de recul pour confirmer cette hypothèse mais avec le temps je verrai bien et je ferai les adaptations nécessaires à mes futurs coachés !
MAJ 2016 : Hippo a largement confirmé et approuvé cette hypothèse, et je suis désormais totalement convaincu de l’importance fondamentale de la formation du binôme cheval/coach. En effet il ne suffit pas d’être horse whisperer : le concept d’équicoaching suppose à mon sens une réelle complicité entre les deux pour être efficace.
Voila donc en quelques mots les résultats de ma petite expérience, loin de tout le coaching “marketing” et son jargon académique pourtant très “tendance”. Aider les autres dans une situation professionnelle compliquée, recalibrer sa relation aux autres, accompagner un changement de poste, de responsabilité, ou simplement développement personnel, voila à quoi nous allons consacrer nos prochaines années je crois !
Merci Hippo !
Retrouvez Hippo le coach sur son site officiel Equi coaching au Maroc !